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De la généalogie du Christ II

Partie IV

 

Ensuite saint paul, au regard de cette prophétie, nous a enseigné cette très curieuse approche :  -- actes des apôtres, chapitre ii, versets 29-30 -- " mes frères, je puis vous dire, touchant le patriarche David, qu'il est mort […] -- 30 -- mais étant prophète, et sachant que Dieu lui avait promis avec serment qu'il ferait naître le Christ de sa postérité selon la chair ". Et le divin paul d'ajouter en son épître aux romains chapitre i verset 3 : " paul appelé à être apôtre pour annoncer l'évangile de Dieu […] touchant son fils qui est né de la race de David selon la chair.

 

Suivant Saint Jean chrysostome, l'apôtre n'entend-il point la nature humaine comme opposée à la nature divine, plutôt que l'opposition entre une généalogie légale et une origine charnelle de Matthieu et Saint Luc ? Pourquoi donc Saint paul rappelle-t-il sans cesse que Jésus est né de la race de David selon la chair, tel qu'il serait envisageable que, sans ce seul mot de " chair ", rien ne le retînt à David, et qu'il soit d'une toute autre racine ? Et l'évangile selon Saint Matthieu nous donne à voir cet étrange spectacle d'un messie qui se refuse en vérité à descendre de David, encore plus de Salomon : " les pharisiens étant rassemblés, Jésus les interrogea : que vous semble du Christ ? De qui est-il le fils ? Ils répondirent : de David. Il leur dit : comment donc David l'appelle-t-il en esprit son seigneur ? […] si donc David l'appelle son seigneur, comment est-il son fils ? […] et depuis ce jour, nul n'osa plus lui poser des questions ".

 

C'est en effet un bien curieux problème, que celui qui veut faire descendre Jésus-Christ de David tout en lui refusant une telle racine ! Mais Isaïe, ce merveilleux prophète, nous a depuis l'origine enseigné la solution de ce paradoxe, suivant qu'il avait prophétisé avec grande exactitude le procédé par lequel le messie se manifesterait :

Isaïe, chapitre xi, verset i : " mais il sortira, dit-il, un rejeton du tronc coupé de Jessé, et une fleur naîtra de sa racine. -- 4 -- il frappera la terre avec l'autorité de sa parole, et tuera l'impie du souffle de ses lèvres. -- 6 -- le loup habitera avec l'agneau, -- 8 -- l'enfant qui sera encore à la mamelle se jouera sur le trou de l'aspic, et celui qui viendra d'être sevré portera sa main dans la retraite du basilic. Ils ne feront de mal à personne. -- 10 -- en ce temps-là, le rejeton de Jessé sera exposé comme un étendard -- une croix -- aux yeux de tous les peuples. Les nations viendront lui offrir leurs prières, et son sépulcre sera glorieux. -- 13 -- et Ephraïm ne sera plus jaloux de Juda, et Juda n'opprimera plus Ephraïm. -- 16 -- et il y aura un chemin pour le reste de son peuple qui sera échappé des assyriens, comme il y en eut un pour israël au temps qu'il remonta du pays d'égypte ".

Toute la complexité de la situation est ici magnifiquement résumée, sans omission, sans manquement, avec une parfaite clarté dont on peut même avoir quelques étonnements. Voici, il sortira un rejeton du tronc coupé de Jessé, et une fleur naîtra de sa racine ; à savoir que la liste généalogique qui doit être regardée comme celle de Jésus-Christ ne peut appartenir qu'à Saint Luc, étant la seule à posséder une racine, suivant que l'évangéliste remonte d'Abraham jusqu'à Dieu, au contraire de Matthieu qui lui donne commencement en Abraham. Ensuite, il est très véritablement exprimé que le tronc de Jessé a subi la coupure, en ce sens qu'il est devenu stérile et excommunié, comme du reste la liste de Matthieu par Salomon et Jéchonias s'en fait la figure. Nul doute alors que la généalogie du sauveur ne tienne majoritairement de Luc, lequel, appuyé par Isaïe, fait remonter Jésus par tous les degrés jusqu'à Dieu, c'est-à-dire jusqu'à la racine, en rejetant l'ordonnancement généalogique de Matthieu, qui en l'absence de souche, trace les degrés d'Abraham jusqu'à Jessé, père de David, note la coupure en David, puis Salomon et Jéchonias, et s'attache à la branche morte des schismatiques. Aussi Saint Augustin n'est pas moins certain d'un grand symbolisme en cette liste de Luc -- " de constitutione evangeliorum ", ii, iv, 12 -- " ce nombre de 77, que Saint Luc a si bien mis en exergue, très certainement indiquait l'abolition de la faute et du péché originels… également dans ce chiffre, ce même numéro, lequel est primordial pour Saint Luc, il convient de dénombrer du Christ jusqu'à parvenir à Dieu, et de compter en ajoutant jusqu'à Dieu même, et cela fait 77, qui signifie pour l'ensemble de la généalogie rémission et abolition des fautes ".

C'est alors que nous nous devons ici récapituler les particularités théologiques et textuelles de ces listes, tel encore que nous les avons égrenées tout au long de cette analyse, et qui en somme nous livrent la clef de cette étrange architecture généalogique :

 

Il faut nous souvenir que Matthieu considère la branche des aînés, au contraire de Luc dont la réflexion se tourne vers la branche des cadets. Ensuite que Salomon, Jéchonias et David, c'est-à-dire à compter de Jessé dans Matthieu, se trouvent frappés de stérilité et d'excommunication, suivant qu'il est possible de dire qu'ils n'ont point descendance selon l'esprit de Dieu, à savoir en ses fils, mais selon la chair. Enfin, toujours en Matthieu, que de l'union consommée entre la femme d'Urie le héthien et David, puis entre Salomon et d'autres héthiennes, Dieu considère procéder le schisme des 10 tribus, lequel a pour effet de déchirer le royaume d'israël d'entre les mains de Roboam, fils de Salomon, mais aussi et surtout, de scinder la généalogie Christique en deux branches distinctes, celle de Juda regardée par Matthieu, celle d'Ephraïm -- des Grecs -- considérée par Saint Luc. Ajoutons encore, pour conclure ces quelques points, que Jésus ne procède dans son ascendance Divine, que de la seule liste de Luc, au regard de ce que nous enseignait Isaïe, lequel proclamait le messie sortir pour les temps futurs du tronc coupé de Jessé, et naître de sa racine, de façon que l'on sache, suivant que la postérité dans les arbres généalogiques est par les feuilles, que la liste de Matthieu, coupée sous Jessé en David et Salomon, demeurerait stérile quant aux fils de Dieu, et ensuite, parce que Saint Luc touche en ses degrés à la génération exempte de la faute originelle, dont il donne racine en Dieu même, que le Christ Jésus en viendrait procéder seulement.

 

 

Partie V

 

Pour solution, voici : nous avons établi que l'histoire de Jean-Baptiste, à savoir i, 5 - 25, 46 - 55, 57 - 80 -- dans Saint Luc, évangile -- était entrelacée selon les règles du parallélisme au regard de celle de Jésus, laquelle comprenait le reste ; et encore, que la visitation nous a donné à voir une anticipation des rapports de Jésus et du Baptiste, c'est-à-dire en ce sens, suivant la méthode de strauss, qu'il convient de regarder les agitations douloureuses des jumeaux Esaü et Jacob dans le sein de Rébecca, -- genèse, xxv, 22 -- comme le modèle du tressaillement de Jean-Baptiste -- Luc, chapitre i, verset 41 --. Or, tel qu'il nous est arrivé de le certifier par moult renfort de preuves, Jésus se fait l'image de Jacob-israël au sein de l'écriture, tandis que son jumeau théologique, Jean le Baptiste, s'attache à la nature d'Esaü, et nous ajoutons de même qu'auparavant qu'il est permis de dire que Jésus s'est fait homme à la semblance de Jean et s'est chargé de nos fautes, à savoir de cette peau d'Esaü, sans pour autant être coupable de nos crimes. Aussi selon toute vraisemblance, cette gémellité théologique, encore appuyée par un parallélisme textuel certain, implique, suivant que l'humanité charnelle du Christ procède, sur le modèle des frères jumeaux issus de Rébecca, de la nature du Baptiste, que ce dernier participe des généalogies Christiques, dont il est juste de dire qu'elles sont parallèles, en proportion de ce qu'elles sont l'écho pour l'une de Jésus, pour l'autre de Jean. C'est en effet que les listes généalogiques ne marquent point l'ordonnancement par degrés d'une même famille, ordonnancement tant légal pour Matthieu que véritable pour Saint Luc ; mais bien les successions des générations de Juda et d'Ephraïm. De cette dernière façon, selon qu'Isaïe proclamait le messie descendre de la seule liste de Saint Luc -- Ephraïm --, il convient de s'interroger sur la nécessité, l'utilité de la seconde, dont il serait juste de dire qu'elle n'a de raison d'être qu'en Jean.

 

A l'évidence, grand nombre de points nous portent et nous contraignent même de considérer cette curieuse liste de l'évangile selon Matthieu comme regardant les ascendants du Baptiste. Tout d'abord, il convient de souligner que Matthieu descend d'Abraham à Joseph, l'époux de Marie, mais que Saint Luc suit au contraire une marche ascendante. Il remonte de Joseph à Dieu et donne ainsi tous les ancêtres de Jésus-Christ jusqu'à la racine. Aussi ne sommes-nous point sans dire que ces marches ascendantes et descendantes ont quelque rapport avec ce que la liturgie nous enseigne de Jean, en sa fête du 24 juin : -- bréviaire romain, exposé dogmatique -- : " Jean-Baptiste est né en une sorte de noël d'été, le 24 juin, intimement lié à l'avènement du messie. A partir de la fête de la nativité du Baptiste, les jours décroissent, car le soleil, ayant atteint le point culminant de sa course annuelle, se remet à descendre. Au contraire, la fête de la nativité du sauveur, dont celle-ci est le prélude, marque l'époque où le soleil recommence à monter sur son orbite. Le précurseur doit s'effacer devant Jésus, qui est la vraie lumière des âmes ".

 

Ajoutons, au regard de ceux qui, avec ignorance et malignité contestent les saints pères en ce que l'emplacement de ces fêtes n'aurait de fondement dans les écritures, et serait d'origine païenne, que l'évangéliste Saint Jean en son chapitre iii verset 27 nous donne à contempler ceci : -- Jean-Baptiste répondant à des pharisiens, qui lui reprochaient d'avoir confessé Jésus pour messie -- : " celui qui a l'épouse est l'époux ; mais l'ami de l'époux, qui est présent et qui l'écoute, est ravi de joie d'entendre la voix de l'époux ; et c'est là ma joie, qui est parfaite. -- 31 -- il faut qu'il croisse, et que je diminue. -- 31 -- celui qui est venu d'en haut est au-dessus de tous ; celui qui est venu de la terre est de la terre".

Nul doute ainsi que ces versets de l'évangile, remarqués du reste par les saints pères comme se rapportant à l'architecture de la liturgie, rattachent avec grande certitude la liste de Matthieu au Baptiste. C'est en effet que la généalogie de Matthieu descend d'Abraham jusqu'à Joseph, et par ce fait épouse la course du soleil, qui en la fête du Baptiste, ayant atteint le point culminant -- Abraham -- de son cycle annuel, se remet à diminuer. De son côté, Saint Luc procède selon une marche ascendante, et remonte de Joseph à Dieu -- le soleil --, de façon que l'on sache qu'il marque en cela l'époque de la nativité du sauveur, où le soleil recommence à croître sur son orbite. En outre, il convient de noter que six mois séparent la conception de Jean de celle de Jésus -- évangile selon Saint Luc -- et de telle manière, nous pouvons poser le principe selon lequel cet agencement possède une saveur artificielle de construction astronomique, le 24 juin et le 25 décembre, tous deux distants de 6 mois, étant les points des solstices. Du reste, il demeure nécessaire de signaler qu'en cet évangile -- chapitre iii, verset 27 de Saint Jean --, la nature et le rôle du Baptiste reçoivent quelques éclaircissements, suivant que ce dernier proclame Jésus venu d'en haut, et être au-dessus de tous, mais annonce quant à lui-même qu'il procède de la terre, et ne saurait être que terre. Touchant ces mots, Jésus avait en effet répondu à nicodème en Saint Jean chapitre iii verset 5 : " en vérité je te dis, que si un homme ne naît d'eau et d'esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. -- 6 -- ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'esprit est esprit ".

 

Or, il est aisé de mesurer ici la similitude existant entre ce que déclare Jean -- être venu de la terre et ne procéder que de la terre -- et ce que Jésus pose au regard de cela, que ce qui naît de la chair demeure chair. [ la chair d'Adam fut créée du limon de la terre. ]

 

Et nous assurons par là que l'évangile reconnaît en Jean une nature spécifiquement charnelle ; mais il est par ailleurs très certain, et ceci est du plus grand intérêt, suivant qu'un homme ne peut entrer dans le royaume céleste sans être né d'eau et d'esprit -- les espèces eucharistiques en sont la représentation --, à savoir de chair et du logos, que la chair, c'est-à-dire le Baptiste, se trouve participer de la substance de Jésus-Christ, et conséquemment de l'une des généalogies. N'est-il point dit, au 3 ème nocturne du dimanche dans l'octave de l'épiphanie : " en lui en effet -- en Jésus-Christ -- il y a deux naissances. La première est toute divine, par la seconde il s'abaisse -- ce terme représente assez bien ce que nous avons exposé de la liste de Matthieu -- jusqu'à prendre notre nature ". La liturgie confesse en ces lignes tant la dualité de personne, de naissance que de généalogie en Jésus-Christ, et nous ne devons avoir étonnement de ce qu'elle qualifie l'une d'abaissement et l'autre de divine, en considération de ce que la première regarde la liste décroissante de Matthieu, et la seconde la généalogie de Saint Luc, laquelle croît et est exempte de la faute originelle.

 

Ajoutons de même, au regard de ce que nous ont porté à l'esprit Saint Augustin et Julius Africanus, qu'il est de grande certitude, parce que Matthieu considère la branche des aînés, que ce dernier traite en toute sa généalogie de la substance et postérité d'Esaü, laquelle a pour rejeton le Baptiste, précurseur et premier-né -- cela touche à hérode --. Esaü fut en effet le premier-né de Rébecca, comme Caïn l'avait été d'Eve. Ensuite, Saint Luc tourne au contraire sa réflexion vers la branche des cadets, de façon que l'on sache qu'il traite en sa liste de la génération tant de Jacob cadet de Rébecca, que de Joseph fils cadet de Jacob, et de Jésus-Christ.

 

Faut-il avoir quelque étonnement de cela ? Certes non, c'est en effet que l'église, par la bouche de ces deux grands saints que furent Ambroise et Augustin, nous a révélé que tout dans l'histoire de Jacob-israël est figuratif de Jésus-Christ. Le fait de la bénédiction qu'Isaac accorda à Jacob, nous enseignent ces saints pères, a une signification symbolique, car les peaux de chevreaux représentent l'humanité charnelle et les péchés, et Jacob revêtu de ces peaux est l'image de Jésus, qui n'ayant point de péchés porta ceux d'autrui, c'est-à-dire ceux d'Esaü. Le Christ a ainsi incliné jusqu'à la forme d'un esclave son immuable divinité, et nous rendons sensible de telle façon, que puisque Matthieu s'attache en sa liste à la génération des aînés, et plus encore à ce caractère exclusivement charnel, si bien ressenti en l'excommunication de Salomon David et Jéchonias, c'est-à-dire à compter de Jessé, qu'il est véritable que la généalogie de notre évangéliste Matthieu se fait l'écho du " précurseur " -- Jean-Baptiste -- et de son ascendance Esaü ; à savoir de cette génération de chair, privée de la bénédiction paternelle -- excommunication --, et en laquelle Dieu se refuse d'avoir des fils, mais dont Jésus tire son humanité charnelle, comme Jacob fit d'Esaü.

Tree of Jesse stained glass window
Tree of Jesse Gisors Cathedral
Christ Pantocrator
King Solomon Kizhi monastery

'Christ Pantocrator', Saint Catherine's Monastery, Mount Sinai, 6th century AD

'King Solomon' Kizhi monastery, Russia, 18th century

'Tree of Jesse' detail,  Church of St. Gervais St. Protais, Gisors

Marble dedication slab to Sol Invictus, second half of the 2nd century CE

Sistine chapel Moses

'Moses’ last acts and death' Sistine Chapel, Luca Signorelli, 1481-1482

'Tree of Jesse' Window, Metropolitan

Museum of Art, 1290-1300

Stele Sol Invictus

Or, quelle meilleure preuve de l'usage en ces listes de Saint Luc et de Matthieu du rapport de gémellité existant entre Esaü et Jacob, que ces paroles de l'éternel adressées à Rébecca : " deux nations sont dans ton ventre ; et deux peuples sortiront de tes entrailles et seront divisés " -- genèse, verset 23 du chapitre xxv -- ?

Paroles semblables en substance à ce qu'il nous a été donné de démontrer, que de l'union consommée entre la femme d'Urie le héthien et David, puis entre Salomon et d'autres héthiennes, Dieu considère procéder la scission des généalogies Christiques en deux branches distinctes, celle de Juda benjamin regardée par Matthieu, celle d'Ephraïm considérée par Saint Luc ; alors qu'au premier chef, il était d'avis de regarder ces généalogies comme se rapportant à une unique famille et nation, tel encore qu'Esaü et Jacob semblaient de la même race.

Et par un système d'une considérable valeur, nous avons donc établi le rapport de réciprocité existant entre le " précurseur ", qu'il soit Esaü ou Jean le Baptiste, et le corps de Jésus-Christ ou celui de Jacob-Israël !

 

Ces généalogies se font donc l'image de la résorption du schisme des 10 tribus en la personne de Jésus-Christ. Celui-ci, ainsi que l'annonçait Isaïe, efface rétroactivement la faute du genre humain, et répare l'alliance entre Juda et Ephraïm, entre les Juifs et les Grecs, afin que les mésententes et la rancœur accumulées entre les deux peuples depuis le grand schisme, n'aient plus aucune cause.

 

Le Christ en son être, non seulement se fait l'incarnation de l'homme-Dieu, mais démultiplie encore cette image saisissante en rassemblant dans ces généalogies toute l'histoire du peuple de Dieu, les propres généalogies de personnages bibliques de l'Ancien et du Nouveau Testament, et même, les mystères les plus insondables de la physique quantique ou de la psychanalyse Freudienne.  Il y a dans ces généalogies un mécanisme qui, fonction des astres, de la physique, de ce qui touche au plus profond de l'être humain, est l'image écrite d'un phénomène extraordinaire. Ce phénomène ne peut être désigné autrement qu'ainsi: une manifestation physique de l'intention Divine, une image magnétique de Dieu, dont l'écho dans le monde se traduit de façon mathématique, par un effet d'attraction qui crée de multiples reflets de sa manifestation, notamment au travers de différents personnages Bibliques, qui sont aussi autant de représentations de certains aspects de la nature Divine.

En ce sens la liste de Luc est exempte de la faute originelle, elle n'est point humaine mais de Dieu, sans tache, consubstantielle au père. Touchant ceci, l'exégète lightfoot ajoutait que YIOΣ -- " fils " en grec -- dominait sans doute toute la liste dans le texte grec de Luc, ce qui aboutissait à Jésus, fils de Joseph, et par-dessus ce dernier à fils d'Héli, etc… fils d'Adam, fils de Dieu. Dans ce système, " fils de Dieu " s'entendrait au sens propre, comme les autres termes de la généalogie. Mais il faut bien admettre qu'il y a quelque chose de curieux à rattacher directement Jésus à chacun de ses ancêtres, alors qu'il est plus raisonnable de prendre le problème en inverse. Ainsi donc, puisque la liste de Luc est ascendante, il convient exactement de reprendre le système de lightfoot de façon contraire, c'est-à-dire de sorte que YIOΣ domine toute la liste, mais rattache à Dieu chaque terme de cette dernière, ce qui aboutit à : " Jésus fils de Dieu, Joseph fils de Dieu, Héli fils de Dieu, etc. […] , AΔAM fils de Dieu. [ en particulier parce qu'Isaïe relie directement Jésus-Christ à la racine, c'est-à-dire à Dieu, par-delà les autres termes. ]

 

Auquel cas nous comprenons plus aisément ce que Saint Augustin entendait par " généalogie exempte de la faute originelle ", du fait que chaque terme de cette liste est un nom de Dieu -- dans l'ancien testament --, ou plus exactement le nom d'un fils de Dieu, de cette génération consubstantielle au père, et qui aboutit glorieusement au Christ Jésus.

 

Mais continuons sur ce que nous enseignait Isaïe dans ce même texte : -- chapitre xi versets 1 à 16 -- " voici, Ephraïm ne sera plus jaloux de Juda et Juda  n'opprimera plus Ephraïm, et il y aura un chemin pour le reste de son peuple qui sera échappé des assyriens ". En vérité, le rapport se fait ici assez sensiblement marqué entre ces lignes et la structure généalogique, tant de Luc que de Matthieu, suivant qu'Isaïe touche par ces mots au schisme des 10 tribus. N'est-ce point par suite de ce schisme que le royaume de Juda se scinda d'israël, et qu'il en vint résulter deux peuples distincts ? N'est-ce point encore par suite de l'union que David consomma avec la femme d'Urie, que les généalogies Christiques se séparent en cet endroit et d'où, comme nous l'avons posé, jaillit ce schisme ? Or, tel qu'il nous a été donné de le comprendre, Luc traite en sa liste de la postérité d'Ephraïm, et Matthieu regarde plus exactement la descendance de Juda, notamment parce qu'il inclut dans les degrés grand nombre de ses rois -- Roboam, Abias [ 946 ], Asa [ 944 ], Josaphat [ 904 ], Joram [ 880 ], Ozias [ 803 ], Joatham [752 ], etc. --. Aussi Jésus ne tire-t-il point descendance de David par Salomon, mais appartient à Ephraïm, c'est-à-dire à la généalogie de Saint Luc, suivant qu'Isaïe proclamait qu'un rejeton du tronc coupé de Jessé naîtrait de la racine, elle qui n'est contenue que dans le seul Luc.

 

[ regardant ceci, virgile nous disait en ses " bucoliques " -- iv -- dont le texte a ete entendu par les saints pères comme une annonce de Jésus-Christ, et de la nouvelle Rome : " les temps sont révolus qu'annonçait la sibylle. C'est aujourd'hui que naît le grand orbe des siècles. Déjà revient la vierge et la paix de saturne. Un nouvel univers descend du haut des cieux. Un enfant naît qui scellera l'âge de fer, suscitera la race d'or. Chaste Lucine, veille sur lui. Déjà ton apollon est roi […] quelques moments encor : notre péché s'efface, il a perdu son aiguillon ; la peur est morte. Des dieux il recevra la vie ; ils reviendront vivre avec les héros. On les verra. Le monde acceptera sa paix et les lois de son père. […] partout naîtra le rejeton assyrien ". Cette dernière phrase se fait d'une saisissante façon l'écho des paroles d'Isaïe touchant le peuple -- Ephraïm -- romain et le futur messie : et il y aura un chemin pour le reste de son peuple qui sera échappé des assyriens.

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Isaac Ben Jacob

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