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Du Bâton de Moïse, et du Secret de Dieu II

Le mythe d’Orphée est une dérision des religions relatives à la réincarnation des âmes. L’âme est une persistance de la Psyché après la mort. Nous parlons ici de l’âme, non de l’Esprit. Cette distinction, d’un grand sens logique, était familière à l’Antiquité puisque déjà Homère, en son temps, attribuait à l’être humain la possession de deux intelligences, le « thymos » et la « psychè ». Pour ce dernier comme pour Platon, l’âme s’oppose fondamentalement à l’Esprit, elle ne participe pas à la divinité. Sorte d’« ange déchu de tous temps », l’âme est un perpétuel aveu de l’inconsistance de l’homme, de la fragilité de sa nature mortelle, de son péché devant Dieu. Plus que cela, elle est une émanation directe du corps, prisonnière de l’Hadès, une ombre persistante incrustée dans la trame du temps et de l’espace. Non immortelle, mais durable, elle survit à la dépouille en exprimant constamment son désir de retrouver racine dans la matérialité, de se réincarner dans un corps nouveau. L’âme est par nature incestueuse. Elle se rapporte à l’intention de perdurer dans le temps (elle ne participe pas de l’Eternité). Pour cela, on usait dans ces religions d’unions consanguines sous toutes leurs formes (intellectuelles ou physiques), dont la finalité était de transmettre d’une génération à une autre au sein d’une dynastie ou d’une famille, une même âme. Le culte des ancêtres en est une adaptation. L’idée étant ici que l’âme est la seule forme de vie après la mort qui puisse se concrétiser dans un monde sans cesse en mouvement, entraîné dans une chute perpétuelle. Mais, comme le mythe d’Orphée l’exprime, il ne s’agit là que d’une chute sans fin, d’un dédale interminable, d’une mort perpétuelle, d’une illusion qui entraîne l’âme dans un jeu de miroir infini. Certaines âmes ne naissent et ne meurent qu’une fois. D’autres naissent et meurent de multiples fois, ainsi en est-il d’Eurydice. En effet si Orphée se retourne, inquiet du silence de sa bien-aimée, et la renvoie ainsi aux Enfers, c’est avant tout par manque de Foi. L’image qu’il a d’Eurydice est trompeuse. Elle est pour lui la perspective du Salut, certes, mais d’un salut illusoire, infecté par le venin du Serpent. En d’autres termes, Orphée n’aspire pas à la résurrection, sa Foi est défaillante, et il est incapable d’apercevoir dans la lumière du jour la nouvelle Eurydice (la rédemption et la Foi). Il se retourne vers l’obscurité de l’Enfer (du sépulcre), pour contempler l’image mutilée et imparfaite du Salut : l’âme. Il se tue ainsi lui-même, et devient son propre serpent, infecté par son propre venin.

 

Outre sa valeur théorique, le mythe d’Orphée avait également dans l’Antiquité une valeur pratique. Il existait sous la forme d’un rite initiatique, que l’on pratique encore dans certains monastères russes, d’une méthode de conditionnement psychiatrique. L’objectif était de provoquer artificiellement chez l’initié un trouble dissociatif de la personnalité, c’est-à-dire un effondrement de l’Âme. L’épreuve n’avait d’autre but que de révéler à celui qui en faisait l’expérience la nature de l’Hadès, l’imminence de la mort, et l’imperfection de son Âme. Concrètement, ce rite persuadait l’initié de la nécessité de la doctrine de la réincarnation, ce dernier n’ayant plus d’espoir, ni d’autre perspective de Salut.

Ainsi que nous l’avons dit, le mythe d’Orphée se fait l’écho de la Genèse, et de la chute originelle. Orphée et Eurydice sont la transposition, respectivement d’Eve et d’Adam, c’est-à-dire des auteurs du péché, de l’incarnation et de la mort. Mais, inversement, les conséquences de la faute originelle sont réversibles dans la pensée Biblique. La chute est une occasion de rachat, ce qui a été abaissé sera relevé. Le Serpent qui gisait dans la poussière au jardin d’Eden, sera élevé au désert par Moïse, comme le Christ sera élevé en croix. La Bible ajoute une seconde partie au mythe d’Orphée, en transparence duquel elle conçoit un préalable nécessaire au Salut. Toute rédemption présuppose une chute. Et si Adam et Eve portent en eux les germes de la mort et du péché, les Evangiles nous présentent a contrario Jésus-Christ et Marie Madeleine, comme les auteurs de la rédemption du genre humain. Bien qu’infectés eux aussi par le venin du Serpent, ils triomphent de l’Hadès, ainsi qu’il est écrit dans le Credo : « Jésus-Christ est descendu aux enfers, est ressuscité des morts le troisième jour. » Dans la continuité du récit Biblique, les Saintes Ecritures nous font connaître Marie-Madeleine, attendant Jésus-Christ au seuil du tombeau. Là où Orphée et Eurydice ont échoué, là où Adam et Eve n’avaient semé que tristesse et désolation, le Christ et Marie-Madeleine triomphent de la mort, et manifestent dans l’univers entier la Victoire de la Foi (c'est-à-dire de l’Être Suprême, de l’Esprit) : Evangile de Jean (20:1) Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vint le matin au sépulcre, comme il faisait encore obscur ; et elle vit la pierre ôtée du sépulcre. [...] (20:14) […] elle se retourna, et vit Jésus debout. […] (20:15) Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, croyant que c'était le jardinier (nous avons là une référence explicite au « jardin » d’Eden, l’idée d’un rachat de la faute originelle), lui dit : Seigneur, si tu l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai. (20:16) Jésus lui dit: Marie ! Et elle, s'étant retournée, lui dit : Rabbouni ! C’est-à-dire, mon Maître ! »

 

Si la Vie et le Salut nous ont été offerts par le Christ et Marie-Madeleine, Moïse nous a fait connaître, bien des siècles avant, le Signe du Salut. Le Nouveau Testament tend irrésistiblement vers l’Esprit, la Foi, et présuppose que les acquis de l’Ancien Testament sont conservés intacts. N’est-il pas écrit : (Matthieu, 5:17) « Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. » Retenons ainsi que si le Christ est moins la figure du justicier que de l’ami dans le Nouveau Testament, c’est parce que sa tâche spécifique est de porter témoignage de l’Esprit, et non de la Loi. Mais l’unité des écritures ne saurait admettre une discontinuité dans le message Biblique. Aussi est-il écrit : (Jean, 3:14) « Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'Homme. » Dieu est Invariable, son message est resté le même à travers les siècles. Certes « la Lettre (La Loi) tue et l’Esprit vivifie » (Paul, 2 Cor, ch. 3, v. 6). Pourtant, puisque l’Esprit est le ressenti de la nature divine, il ne peut se soustraire à la manifestation mécanique du Salut (dans les proportions relatives qui lui sont imparties). La Foi et L’Esprit ne sont-ils point « l’anticipation » des choses Divines ? Ainsi Moïse fut-il le sublime précurseur du Christ, et l’expression de la Justice Divine dans notre monde. Il n’y a pas de Justice, ni de Loi contraignante dans le Royaume de Dieu puisque « Je Suis », Dieu, répond et converse avec « celui qui Suis », c’est-à-dire avec l’assemblée des Elus. Là où il n’y a que perfection, toute justice est inutile, puisqu’il n’y a pas de temps. Toute condamnation a déjà été consommée, et l’arbitrage a déjà eu lieu. A l’opposé, la Loi est une nécessité dans notre monde, elle manifeste la Foi dans le temps, comme un phare guide les navires au milieu de la tempête. Elle est l’expression de la perfection dans l’imperfection, l’étendard de la Victoire sur la mort, la proclamation de la suprématie de l’Esprit sur le néant. C’est une chandelle qui éclaire dans un lieu obscur, un feu dévorant que toutes les eaux des fleuves et des océans ne sauraient éteindre. C’est enfin une rébellion contre le chaos, une manifestation de l’ordre Divin dans le monde.  

 

Ainsi en est-il du Serpent d’Airain, qu’on nomme également le Bâton de Moïse.

 

Le Liber Antiquitatum Biblicarum du Pseudo-Philon, un midrash du premier siècle, voit dans cet objet une représentation de l’Alliance. En 19:11 on peut lire : « Ta baguette (le Bâton de Moïse) par laquelle ont été opérés les signes, sera un témoignage entre moi et mon peuple. Ta baguette sera en ma présence un mémorial tous les jours, et elle aura un rôle identique à l’arc par lequel j’ai établi alliance avec Noé au sortir de l’arche. » D’autres Midrashim soutiennent que « Le bâton » fut créé par Dieu « entre les deux soleils », qu’il était déjà dans le jardin d’Eden et qu’il porte gravé le Saint Nom.

Quoi qu’il en soit, il est certain, comme l’expliquent les Midrashim, que ce Bâton est à lui seul une synthèse du Salut et des enseignements de Moïse. Cet objet était destiné à délivrer Israël de l’Égypte, c’est-à-dire de la tutelle de Pharaon. A ce titre, il est la manifestation puissante de la Foi dans le monde, de cette Foi qui avait tant manqué à Orphée.

Quels sont les composants du Bâton de Moïse, sa signification et son fonctionnement? Le Bâton est formé d’un tronc central, qu’on dit être à peu près de la taille de Moïse. Il représente le corps de chair, mortel, qui est l’héritage que nous tenons du Serpent. Il est l’image de l’incarnation. Ce tronc est le corps du Serpent d’Airain, ainsi qu’il est écrit : (Exode 7:9) « Prends ta verge et jette-la devant Pharaon ; et elle deviendra un serpent. » Au sommet du Bâton, on distingue la tête du Serpent d’Airain, ornée de deux aigrettes de Feu qui représentent respectivement l’Esprit (La Foi) et l’Âme (la Psyché dont Eurydice est une figure). Nous réalisons ainsi que ce Bâton est la manifestation concrète, dans un objet, de l’Être Suprême. Cet objet est aussi une projection de Moïse, à la fois en tant que Prophète (il parle et agit au nom de Dieu) et en tant que Dieu lui-même, Esprit né de l’Esprit, lumière née de la lumière, tel que nous l’apprend le livre de l’Exode (7:1) : « Et l'Éternel dit à Moïse : Vois, je t'ai établi Dieu pour Pharaon, et Aaron, ton frère, sera ton prophète. » Ce Bâton, nommé en Hébreu « Nahash Nahoshet », c’est-à-dire Serpent d’Airain (l’airain est une « Alliance » de cuivre Rouge – couleur de Feu – et d’Etain), est donc indissociable de la représentation que Moïse se fait de lui-même. C’est une profession de Foi, un concept de Théologie et de physique quantique. Le Bâton est à la fois corps (Serpent), Âme (déchue) et Esprit (La Foi, l’Être Suprême), c’est Moïse qui se projette tout entier, sous tous ses aspects, dans ce Bâton. On nomme ainsi ce Bâton « Serpent d’Airain », en référence aux aigrettes de Feu Rouge (nous avons là également l’image du Buisson Ardent) qui s’élancent de la tête du Serpent, c’est-à-dire de la tête de Moïse. Marc Chagall ne l’avait pas exprimé autrement, en attribuant à Moïse des « Cornes de Feu » semblables à des rayons lumineux (Michel-Ange y fait également référence). Ajoutons que l’Exégèse Biblique attribue de façon ininterrompue à Moïse la possession de ces aigrettes de Feu à partir de l’Exode (34:29-30) : « lorsque Moïse descendit de la montagne de Sinaï, les deux tables du Témoignage étant dans la main de Moïse, […] Il ne savait point que la peau de son visage était devenue rayonnante, pendant qu’il parlait avec Dieu. Mais Aaron et tous les enfants d’Israël virent Moïse, et voici, la peau de son visage rayonnait, et ils craignirent d'approcher de lui. » Moïse était devenu la manifestation de la Foi dans le monde, le Serpent flamboyant doté des deux aigrettes de Feu, une projection du Buisson Ardent, de Dieu lui-même. Il nous est ainsi donné de comprendre ce verset de Jean l’Evangéliste : (Jean 3:14) « Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'Homme. » Le Serpent qui gisait dans la poussière a été élevé, ce qui était tordu a été redressé. Moïse, de la tête duquel s’élancent désormais deux faisceaux de lumière, l’Esprit et l’Âme, apporte la preuve manifeste que la mort n’est point une finalité, mais un commencement.

 

Là où l’Âme soumise au pêché avait distillé le Venin du Serpent dans le genre humain, l’Esprit vivifie ce corps mortel voué à l’Hadès, et lui donne un écho dans l’Eternité. C’est ce qui a permis à l’Ecriture Sainte de dire : (Nombres 21:6) « Et l'Éternel envoya parmi le peuple des serpents brûlants, qui mordirent le peuple, en sorte qu’un grand nombre d’Israélites moururent. (21:7) Alors le peuple vint vers Moïse, et ils dirent : Nous avons péché, car nous avons parlé contre l'Éternel et contre toi. Prie l’Éternel, pour qu’il éloigne de nous les serpents. Et Moïse pria pour le peuple. (21:8) Et l’Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et mets-le sur une perche ; et il arrivera que quiconque sera mordu et le regardera, sera guéri. (21:9) Moïse fit donc un serpent d'airain, et il le mit sur une perche ; et il arriva que quand le serpent avait mordu un homme, il regardait le serpent d'airain, et il était guéri. » Le Bâton de Moïse est à la fois la bouche béante de l’Hadès, et la porte des Cieux. Il concentre en lui deux initiations : Celle d’Orphée, qui est un écho de la Faute Originelle. Dans cette optique, nous voyons les Serpents Brûlants infecter de leurs morsures les Israélites, et les condamner ainsi à l’Enfer des anciens. Mais dans un second temps, il est également la manifestation du Salut, la source de vie à laquelle les Elus s’abreuveront dans l’Eternité. Nous avons là la représentation saisissante de l’Etendard de Dieu, du signe de Victoire pour celui qui en comprend le sens profond. Trait d’union entre Dieu et les Hommes, victoire de l’Esprit sur le néant, le Bâton de Moïse est la certitude du Salut et de la Rédemption pour celui dont le regard est déjà porté dans l’Eternité. Ainsi qu’il est écrit : (Ezéchiel 37:11) « Et il me dit : Fils de l’homme, ces os (ces Âmes), c’est toute la maison d'Israël. Voici, ils disent : Nos os sont devenus secs, notre espérance est perdue, c’en est fait de nous ! (37:12) C’est pourquoi prophétise, et dis-leur : Ainsi a dit le Seigneur, l'Éternel : Voici, j’ouvrirai vos tombeaux, et vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple, et je vous ferai rentrer dans le pays d’Israël. (37:13) […] (37:14) Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous placerai dans votre pays, et vous saurez que moi, l’Éternel, j’ai parlé et agi, dit l’Éternel. » La Mort est devenu le prélude à la Résurrection, et là où il n’y avait qu’Âme et corps, poussière née de la poussière, l’Esprit Divin ouvre les portes du Salut, et fait remonter des entrailles de l’Hadès le peuple captif de la Vallée des ombres et de la mort.

 

Il nous est donné ainsi d’embrasser dans sa plénitude ce passage de l’Exode relatif au Bâton de Moïse, et à la victoire que celui-ci remporte sur les serpents que les magiciens de Pharaon lui opposent : (Exode 7:1) « Et l'Éternel dit à Moïse : Vois, je t'ai établi Dieu pour Pharaon, et Aaron, ton frère, sera ton prophète. (7:2) Tu diras tout ce que je te commanderai, et Aaron ton frère parlera à Pharaon, pour qu’il laisse aller les enfants d’Israël hors de son pays. (7:3) Mais j’endurcirai le cœur de Pharaon, et je multiplierai mes signes et mes miracles dans le pays d’Égypte. (7.8) Et l'Éternel parla à Moïse et à Aaron, en disant : (7:9)  Quand Pharaon vous parlera, et dira : Faites un miracle ; alors tu diras à Aaron : Prends ta verge et jette-la devant Pharaon ; et elle deviendra un serpent. (7:10) Moïse et Aaron vinrent donc vers Pharaon, et firent ainsi, comme l'Éternel l’avait commandé. Et Aaron jeta sa verge (il s’agit ici du Bâton que Moïse charge Aaron de jeter) devant Pharaon et devant ses serviteurs, et elle devint un serpent. (7:11) Mais Pharaon appela aussi les sages et les enchanteurs ; et les magiciens d'Égypte firent, eux aussi, la même chose par leurs enchantements. (7:12) Ils jetèrent donc chacun leur verge, et elles devinrent des serpents ; mais la verge d'Aaron engloutit leurs verges. »

Au simulacre de Salut par la réincarnation que professent les enchanteurs et les magiciens d’Egypte (conséquence de la Faute Originelle), Moïse oppose et proclame le Salut par la Foi. Il place dans un seul et même corps, dans un seul et même Serpent, une Âme et un Esprit. Aussi le Bâton de Moïse avale-t-il les autres serpents, qui, emplis de venin contre eux-mêmes, sont incapables de se redresser de la faute originelle, du péché et de la mort. Nous avons là la distinction entre l’antique Caducée et le Bâton de Moïse.

Violet Brunton Orpheus and Eurydice

'Orpheus and Eurydice' Violet Brunton c1910

Cole Thomas The Garden of Eden

'The Garden of Eden' Thomas Cole 1828

Delivery Israel Out of Egypt Samuel Colman

'The Delivery of Israel out of Egypt' Samuel Coleman c1830

Le Signe de Moïse est enfin l’Etendard de la Victoire, le souffle puissant de Dieu, qui libère l’humanité de la captivité du Monde et de la tyrannie de Pharaon. Comme les Hébreux, nous sommes tous à notre façon les esclaves de Pharaon. Le Royaume d’Egypte est par ses pyramides, et la multitude de ses sépultures, la personnification de cette vallée des ombres et de la mort, si bien décrite par Ezéchiel. Que l’on y songe : Nous sommes tous captifs du tombeau et de « l’âme incestueuse » de Pharaon qui aspire plus que tout à se projeter d’une génération à une autre dans un monde fait de poussière (doctrine de la réincarnation). Pharaon est l’image parfaite de l’Ouroboros, il élève l’inceste et la perversion en mode de gouvernement. C’est en asservissant, et en mutilant tout ce qu’il y a de plus élevé et de plus noble dans l’Esprit humain, qu’il s’assure ainsi dans le monde le prolongement nécessaire à son odieuse tyrannie.

 

A contrario, le Bâton de Moïse est la Porte des Cieux, l’indomptable certitude qu’un Plan Divin préside à la destinée humaine. Dieu créa le monde, ainsi que nous le fait connaître la Genèse, en séparant les eaux du dessous des eaux du dessus, c’est-à-dire les océans des cieux, et la connaissance du Mal de la connaissance du Bien. En usant du Bâton de Moïse, le souffle du Créateur fendit les eaux au passage de la Mer Rouge. Comme un écho à la création du Monde, il ordonne en quelque sorte : « Que la lumière soit ! », que le chaos se courbe sous le poids de mon Esprit, que l’ordre et la justice émergent du néant. Aussi est-il écrit : (Exode 14:15) « Et l'Éternel dit à Moïse [...] (14:16) Et toi, élève ta verge, et étends ta main sur la mer, et fends-la ; et que les enfants d'Israël entrent au milieu de la mer, à sec. (14:21) Or, Moïse étendit la main sur la mer, et l’Éternel refoula la mer, toute la nuit, par un fort vent d'Orient ; et il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent. (14:22) Et les enfants d'Israël entrèrent au milieu de la mer à sec ; et les eaux leur formaient une muraille à leur droite et à leur gauche. »

Il n’y a pas de renoncement pour le juste et c’est non pas à genoux, mais mordant la poussière qu’il implore la miséricorde de l’Eternel. Dans un monde fait de néant où il n’y a que des ruines, et où les ruines elles-mêmes ne sont que poussière, Dieu se joue de Pharaon, et manifeste ainsi sa gloire par le Bâton de Moïse.

Avertissement relatif à la mention de Marie Madeleine:

Il n'y a ici aucune allusion ou référence à l'idée d'un mariage secret qui aurait uni le Christ et Marie Madeleine. La thése développée ici est trés éloignée de cette théorie. Nous soulignons au contraire ici  que le texte Biblique trace un paralléle entre Adam et Eve et le Christ et Marie Madeleine, dans le seul but de d'affirmer qu'une inversion entre les débuts de l'humanité et la rédemption Christique s'est produite, irréverssiblement. Là où Adam et Eve étaient unis par la chair, dans la vie terrestre, le Christ et Marie Madeline  communient par l'Esprit après la mort.

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Isaac Ben Jacob

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